Traduit en français par
Delphine Rotfus
Instantanés
J'étudie mes leçons jour et nuit,
et me souviens par cœur
de l'histoire de ceux qui nous ont
quittés,
et les paroles de ceux qui sont
partis pour nous
leur parfum
sur les ailes des vents.
Le jour de
mon examen
La proie des mots
échappe au lasso
et j'échoue à répondre
aux questions les plus simples.
Il y a un
cheval sauvage
dans mon cœur,
je l'apprivoise chaque jour
Le jour de la course
Il me fait tomber de son dos
et galope au loin
suivant l'appel de l'esprit des chevaux.
Je reste à terre,
attendant la mort,
invitée bienvenue !
Bercement
L'enfant
pleure sur sa poitrine ;
Elle le berce
Il s'endort.
Mon cœur
sur sa poitrine
pleure depuis plus d'un an,
et elle ne le berce pas,
et il ne s'endort pas !
L'âme
Universelle
Dans la
foule du train,
Il y a du bruit.
Un millier de langues
accroche les mots d'un millier de langues
sur des lignes dans l'air.
Dans le
silence de mon âme,
Je dessine mes paupières basses,
J'écoute les mots
Et ne discerne rien d'autre que du
bruit.
Le calme retentit dans le temple de mon âme,
Je réalise que je suis
en présence de l'âme universelle,
et la paix pénètre mon cœur.
Sous la Croix de Spartacus
Ils le crucifièrent à l'aube
Avant le lever du soleil
Son âme voltigeait au milieu des nuages
Ils le laissèrent des jours et des jours,
Un exemple
Pour les révolutionnaires.
Chaque jour à midi
Sur le chemin du déjeuner
Nous le voyons crucifié
Un an a passé
Pourtant, son sang coule encore.
Chaque jour, une goutte de sang coule dans le sable
Dans un silence assourdissant.
Chaque jour à midi
Avec une miche de pain
Nous nous hâtons vers nos chaînes
Sur le lieu du labeur
Dans la montagne des esclaves
Nous levons nos regards jusqu'à lui
Nous pourrions voir l'humiliation dans ses yeux
A savoir que nous avions survécu
A une sévère épreuve
Nous le voyons posant son regard d'en haut jusqu'à nous
Souriant
La Victoire rit
Dans le scintillement de ses larmes
Comme si
Il n'était jamais mort
Ni n'avait jamais été crucifié
Comme si
C'était nous sur la croix
Torturés
Par notre humilité
Et torturés
Par son... sourire !
La Nuit
La nuit vient à moi
Tendre
Comme des oiseaux épuisés dans le soir
Elle me réveille de mon profond sommeil
Je me lève…un amant
Rejoignant les fantômes emplis de désir
Je les entends autour de moi
Comme moi, ils susurrent l’amour
Je peux presque les voir
Assis près moi
Comme ils sont joyeux!
Comme moi, ils aiment la nuit
Et désirent la solitude
Tout comme moi.
Peut-être sont-ils, comme moi
Déconcertés en amour
Rêvant du lointain
Désirant une vigne assoupie
Sur le bras d’un balcon
Dans le lointain nord
Une vigne attendant
Une brise du sud
Qui apporte la rosée,
Passion de l’esprit languissant dans la nuit,
Et le frisson de la pluie,
Peut-être que, comme moi, elle aime la nuit
Et chante à la lune là-bas.
La nuit vient à moi
Tendre
Comme des oiseaux épuisés dans le soir
Elle me réveille de mon profond sommeil
Je me lève.
Quelque chose
Quelque
chose ici
Faiblement éclairé
M’appelle
Charmé,
je m’avance vers elle
Le pas
lourd
Les yeux
vitreux
Un
millier de groupes autour de moi
Et
personne pour remplir mon verre
Lassé de
tourner
Sans une
maison en vue, sans une pierre
Où sont
l’habit de pèlerin
Ai-je
vraiment porté les l’habit de pèlerin?
Ou ai-je
oublié ?
Comme
j’ai oublié de dire une prière aujourd’hui
Une
prière de ceux qui savent leur ignorance
prière de
ceux qui ignorent leur connaissance
Et qui ne
savent jamais
Que le
typhon, sans aucun doute, vient sur la ville
Déraciner les arbres
Briser le
cœur de ma fenêtre
Et me
briser
Je me
suis habitué à mes défaites
Parce que
je me suis habitué à vivre
Elle
s’est habituée à moi
Comme nos
yeux se sont habitués à l’obscurité
Quand les
rayons de lumière sont soudain coupés
Je me
suis habitué à vivre
Le typhon
sera passé dans deux jours
Je me
lèverai, ramasserai le verre brisé de ma fenêtre
Sortirai dans la ville pour acheter du pain
Du lait,
des fruits, et une plaque de verre
Et
chercherai dans les yeux des gens quelque chose
Faiblement éclairé
M’appelant
Charmé,
je m’avance vers elle
2/9/2008
Vague
Chaque jour à l'aube,
Les mouettes m'appellent
Je les suis
J'apprivoise la mer fière
Et j'imprime sur les lèvres de ses vagues
Un baiser d'étoile à l'obscurité vierge
Je dors sur le tapis des vagues
Comme un prophète
Je rassemble l'univers dans mes yeux
Et je deviens une vague bleue.
Chaque jour à l'aube
Les mouettes m'appellent
Je les suis !
Portes
Je frappe aux portes de sa ville
J'ouvre ces portes une à une et je vois
De nouvelles portes, fermées.
Limite
A la limite entre le fleuve et la mer
Les poissons s'arrêtent de chaque côté, amoureux ou aimés
Chacun regarde l'autre dans les yeux
Aime la couleur de l'autre
Ils ne peuvent pas nager dans le monde de l'autre
Ils ne peuvent être qu'amoureux ou aimés
A la limite entre le fleuve et la mer
Filets
Chaque matin
Je lance mes filets dans la rivière
Chaque soir je les ramasse
Je rentre à ma cabane
Emportant avec moi l'odeur de la mer
Je rentre à ma cabane
Rêvant de poissons.
Etoile de la nuit
Ô étoile de la nuit
Le Dieu de la nuit t'aime
Lui, qui reste éveillé toute la nuit,
T'aime
Lui, qui ferme les yeux
Et rêve de tes rayons
Éclat dans ses yeux
T'aime
Un oiseau endormi, profitant
De la compagnie de ta lumière jusqu'à l'aube
T'aime
Une route, qui s'ennuie dans sa solitude et dans l'obscurité
T'aime
Et ce cœur qui est le mien,
Qui ouvre une porte pour que tu y entres
Pour l'illuminer de ta lumière
Et pour n'y laisser aucune place
Pour l'obscurité,
T'aime
Ô étoile de la nuit.
Deux bougies
Quand deux bougies veillent dans la nuit
Quand deux feux se mêlent l'un à l'autre
Dans un moment d'amour,
Disparition,
Et unité
Des larmes embrasent les flammes des bougies
L'extase devient un pont pour l'éternité !
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